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May11

Des perles vénitiennes dans l’Amérique précolombienne

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Des perles vénitiennes dans l’Amérique précolombienne

Des perles de verre turquoise vénitiennes du xve siècle sont parvenues jusqu’en Alaska, probablement via l’Asie.

 

On sait depuis longtemps que les premiers Européens à avoir atteint l’Amérique, vers l’an 1000, sont les vikings. Après cet épisode, aucun autre contact avec les Européens n’était supposé s’être produit avant la (re)découverte des Amériques par Christophe Colomb. Mais une étonnante découverte en Alaska contredit cette conclusion : des perles provenant d’ateliers vénitiens ont été découvertes sur deux sites inuits précolombiens ! Elles y sont vraisemblablement arrivées via le détroit de Béring, qui sépare l’Asie et l’Amérique.

Une équipe d’archéologues conduite par Michael Kunz, du musée du Nord de l’université d’Alaska, et Robin Mills, du Bureau de gestion du territoire à Fairbanks, vient de mettre au jour dix perles turquoise sur trois anciens sites inuits situés le long de la chaîne Brooks, une chaîne de montagnes s’étirant sur 1 100 kilomètres à travers l’Alaska et jusqu’au Yukon. L’un de ces sites, Punyik Point, est un camp de chasse au caribou constitué de maisons sur fosses, dont les anciens Inuits se servaient à certaines périodes de l’année. Les chercheurs y ont découvert huit perles turquoise de 4 à 7 millimètres de diamètre accompagnées de bijoux en cuivre autour desquels étaient enroulés des restes de ficelle. L’analyse des perles par activation neutronique – une méthode permettant l’identification précise des éléments présents dans un échantillon – a révélé qu’il s’agit de perles produites dans les ateliers vénitiens.

Leur présence est déjà étonnante en un tel lieu, bien qu’on connaisse des perles vénitiennes similaires dans les Caraïbes et sur la côte est de l’Amérique du Nord. Mais celles-ci datent toutes d’entre 1550 et 1750, donc après l’arrivée des Espagnols. Or la datation par le radiocarbone des fibres végétales enroulées autour des bijoux de cuivre a révélé que les perles turquoise de Punyik Point remontent à entre 1397 et 1488, donc à l’époque précolombienne ! Les chercheurs ont été stupéfaits : ils venaient de découvrir des objets européens parvenus en Amérique avant les Européens de la Renaissance.

La trouvaille illustre une fois de plus que les anciens Inuits d’Alaska entretenaient des relations avec les Eskimos aléoutes de Sibérie. Ainsi, les archéologues John Hoffecker et Owen Mason, de l’Institut de recherche arctique et alpine de l’université du Colorado à Boulder, ont découvert au cap Espenberg – un avant-poste au bout de la péninsule de Seward, qui s’avance dans le détroit de Béring – six objets métalliques, dont deux leurres de pêche en os ornés d’yeux métalliques, une aiguille en cuivre, un fragment de feuille de cuivre, une perle cylindrique, une boucle reliée à un bout de cuir, mais surtout une boucle de ceinturon d’un type commun en Chine à partir du ve siècle. Ils ont aussi retrouvé des objets en obsidienne provenant de la vallée du fleuve sibérien Anadyr, qui se jette dans la mer de Béring.

On sait par ailleurs par les sources historiques que les Vénitiens établirent le commerce de leurs perles en Asie dès le xiiie siècle. Ils en échangeaient avec les Mongols, qui venaient de créer un immense empire transasiatique et connaissaient et appréciaient les produits vénitiens. Il n’est dès lors pas étonnant que des perles vénitiennes aient pu passer de l’une des routes de la soie dans les steppes du Nord, puis être échangées au nord avec l’un des peuples sibériens commerçant avec les Mongols. D’après les chercheurs, elles sont ensuite parvenues sur les rives du détroit de Béring, qu’elles ont franchi pour arriver en Alaska dans l'ancien centre commercial de Shashalik, au nord de la ville actuelle de Kotzebue, avant d’être transportées plus loin dans les terres.

Ainsi, des deux côtés de l’Amérique du Nord, les peuples de Thulé – les Proto-Inuits – commerçaient avec l’Ancien Monde. À l’est, ils échangeaient avec les Scandinaves installés en Islande et au Groenland, voire dans le Labrador. De nombreux objets européens ont en effet été retrouvés parmi les biens d’anciens Inuits, probablement échangés contre des défenses de morses, dont les Vikings faisaient commerce en Europe. À l’ouest, les anciens Inuits échangeaient – indirectement – avec les Mongols, les Chinois, les Coréens… Une preuve que la route de la soie se branchait à une voie commerciale nord asiatique, qui la reliait au détroit de Béring et à l’Amérique.

 

www.pourlascience.fr

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