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L’ancêtre du cocktail Molotov utilisé pendant les Croisades ! Retour sur une découverte fascinante

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L’ancêtre du cocktail Molotov utilisé pendant les Croisades ! Retour sur une découverte fascinante

Ils ne ressemblent souvent à rien, et pourtant nombre de leurs analyses sont à l’origine de grandes découvertes.

Par Bernadette Arnaud- www. sciencesetavenir.fr

Des analyses d’anciennes poteries médiévales découvertes dans la vieille ville de Jérusalemconfirment que des grenades à main étaient bien utilisées comme armes offensives pendant les Croisades.


Exemplaires de grenades médiévales, pots en céramique remplis de naphte et autres produits incendiaires allumés avec une mèche pour être lancés sur l'ennemi. Heeresgeschichtliches Museum, Vienne, Autriche.

CRÉDITS: A. MAYOR / GREEK FIRE (2022)

Ils ne ressemblent souvent à rien, et pourtant nombre de leurs analyses sont à l’origine de grandes découvertes. Parfois porteurs d’écritures antiques, d’autres fois possesseurs de traces infinitésimales des produits qu’ils ont un jour contenus, les tessons et éclats de poterie constituent de véritables mémoires. Des enregistrements d’événements du passé que les scientifiques savent désormais détecter grâce à des technologies de pointe comme les analyses de chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse, de la microscopie optique, ou encore de la spectrométrie de fluorescence des rayons X.

C’est exactement ce qui vient de se produire avec une équipe de chercheurs dirigée par le Dr. Carney D. Matheson, anthropologue et biochimiste à l’Université Griffith (Australie) avec l’extraction d’informations moléculaires récupérées sur les restes de 4 petits vases sphéro-coniques retrouvés dans les années 1960 dans des niveaux archéologiques datés du XIe-XIIe siècle, du jardin arménien, de la vielle ville de Jérusalem (Israël).

Dans un article publié dans la revue scientifiquePlos One,ces chercheurs expliquent en effet avoir identifié dans trois d’entre eux des résidus d’huiles, ceux de matières parfumées ou des contenus médicinaux. Or le 4e-un fragment en grès aux parois très épaisses-, possédaient quant à lui des traces de composés chimiques comparables à ceux d’un engin explosif. Probablement une grenade médiévale utilisée pendant les Croisades!

Tesson sphéro-conique contenant des traces de matières inflammables datant des Croisades, découvert dans la vieille ville de Jérusalem. ©Plos One

Ce fragment de poterie contenait en effet du nitritede potassium, du soufre et d'autres substances caractérisant une arme incendiaire. De celles remplies de produits inflammables utilisées à Jérusalem par les armées musulmanes contre les Croisés, au XIe-XIIe siècle. Soit la confirmation de la fabrication et de l’utilisation de grenades à main au pétrole et au soufre par des combattants musulmans au temps des Croisades (1095-1291).

Des poteries destinées au stockage de produits chimiques

"Lancées comme des grenades contre les forteresses croisées, l’usage d’engins produisant des bruits puissants et des éclairs brillants a été signalédans des textes médiévaux", explique ainsi le Dr. Carney D. Matheson, rappelant au passage que des études antérieures avaient déjà identifié des engins incendiaires semblables sur d’autres sites de ces mêmes périodes au Moyen-Orient. L’analyse publiée dansPLOS Oneconstitue ainsi une confirmation précieuse de l’utilisation de ces armes. "De petits récipients en grès, non émaillés, non décorés, à parois épaisses issues de haute cuisson, peuvent avoir eu cette fonction spécifique, qui n'existait pas avant le IXe siècle et après le XVe siècle, impliquant une catégorie définie de poterie destinée au stockage de produits chimiques... ou d'arme explosive", précise le spécialiste.

"En réalité, une des études antérieures les plus frappantes sur les grenades médiévales a été réalisée dans les années 1940 par le savantfrançais Maurice Mercier", ajoute Adrienne Mayor, historienne des sciences et technologies de l'Antiquité, à l’Université de Stanford (Etats-Unis), qui n’a pas participé à l’étude. Jointe par Sciences et Avenir, cette spécialiste ajoute: "S’il cite bien Maurice Mercier, le Dr Matheson n’évoque pas l’étude des nombreuses grenades à mains incendiaires utilisées pendant la bataille du Caire, en 1167, dont des éléments ont été recueillis en 1916 dans les ruines de la vieille ville du Caire par Ali Bey Bahat (Musée du Caire) et l’archéologue français Albert Gabriel(1883-1972)", rappelle celle à qui l’on doit l’ouvrage:Greek Fire, Poison Arrows and Scorpion Bombs(2022).

Des artisans qui avaient une excellente maîtrise de l’aérodynamique

A l’époque, un détail avait en effet intrigué Maurice Mercier: "Il avait constaté que les récipients retrouvés dans les ruines du Caire différaient de ceux de formes similaires utilisés pour les parfums, les onguents et les médicaments. Les pots, spécialement conçus pour les grenades à main, étaient tous en grès à parois très épaisses, et surtout possédaient des sommets cassés avec des bords très nets", raconte Adrienne Mayor. Pour le savant français, seule une puissante explosion interne avait pu causer de telles fractures. Des cassures aux arêtes vives identiques à celles retrouvées sur d’exemplaire de grès analysé par le Dr. Matheson. "Plusieurs variétés de 'pots de naphta'- des bombes incendiaires façon cocktail Molotov primitifs sont d’ailleurs exposés au Musée du Caire (Egypte),ainsi qu’au Louvre, à Paris", indique Adrienne Mayor. En substance, les anciens fabricants de grenades à main possédaient une grande connaissance des explosifs et des matériaux incendiaires et ils sont su créer des céramiques en grès plus solides, comme le signale le Dr. Matheson. "Ces artisans avaient également une excellente maîtrise de l’aérodynamique pour proposer ces formes sphéro-coniques en tant que grenades à mains", fait remarquer Adrienne Mayor.

Selon l'historienne, en remontant dans les profondeurs de l’histoire et une plus grande Antiquité, d’anciens bas-reliefs assyriens montrent que de telles grenades à main remplies de pétrole étaient déjà utilisées en Mésopotamie. Des archéologues ont aussi découvert au Pakistan, en 2006, des substances chimiques provenant de "boules de feu"de matériaux bitumeux utilisées du temps d’Alexandre le Grand, en 327 avant notre ère, alors que celui-ci se trouvait au Ghandara (entre Pakistan et Afghanistan).

"Il semblerait que l’usage de grenades incendiaires soient donc encore plus ancienne que l’époque médiévale, objet de cet article", résume Adrienne Mayor. "De nouvelles recherches sur ces contenus explosifs devraient nous permettre de mieux comprendre l’ancienneté de l’usage de ces armes au cours de la période médiévale en Méditerranée orientale", conclut dans son étude Carney D. Matheson.

Un combustible original

Naphtaest un terme dont la racine d’origine perse désigne une huile minérale utilisée en Mésopotamiecomme combustible. En arabe, "nafṭ"signifie aussi pétrole ou bitume. Dans le Livre II de son Histoire Naturelle, le Romain Pline l’Ancien(1ersiècle aprèsJ.-C.), écrit: "On appelle naphte une substance qui coule comme dubitumeliquide, dans les environs de Babyloneet dans l'Astacène,province de la Parthie". L’huile de naphte a peut-être également été l'un des composants du célèbre feu grégeoisutilisé par les Byzantinsjusqu'au 14e siècle.

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